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 CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.

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Hortense Mer
Hortense Mer

REPRESENTATIVE SONG : spanish sahara (foals)
IN THE POCKET : du sable, des étoiles, une paire d'yeux inutiles.
PSEUDO : pivoine prairial (élodie)
CREDITS : endless wildness.
DOLLARS : 41

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MessageSujet: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyMar 17 Sep - 19:25


deux humains équivoques, conjonction astrale d’un étrange destin.


MONSTRE.
C'est ce qu'on pense sur son passage, croit-elle, se dit-elle à elle-même. Elle imagine les bouches des gens qui crachent à sa vue - beurk, bah, ark, ugh, ew - mais sans les entendre. Parce que c'est faux, parce qu'elle affabule, parce que quand on croise cette beauté sans yeux, on a juste envie de pleurer. Pour elle. On a les larmes qui restent bloquées dans les paupières et qui ne demandent qu'à tomber. On a les yeux qui sont tristes pour cette belle, qui n'en a plus. On a presque envie de lui donner les nôtres. Mais certainement pas de lui dire d'aller se cacher. De cracher sur son malheur. Et sa laideur imaginaire.
Long. Soupir.
J'ai oublié, j'oublie, je vais continuer d'oublier, râle-t-elle à présent, en son elle-même. J'oublie tout et rien. La forme des nuages quand ils sont malheureux. La gueule de déterré du soleil quand il se lève le matin, tout plein de sommeil. Les gouttes de pluie qui courent le long de la vitre du bus, poussées par la force du vent. La tête des gosses sur le manège - cet air ahuri-joyeux qu'ils ont, comme si ils avaient jamais fait un truc mieux que le manège dans leur vie, comme si ils étaient à l'apogée de leur existence. Le visage d'Isaac - alors qu'elle le connaissait sur le bout des doigts, mieux que son propre visage, en le voyant de dos elle devinait déjà ses yeux, ses traits tout entier. Même elle, elle s'oublie. Est-ce qu'elle est blonde, est-ce qu'elle est grande ? On lui dit qu'elle est belle mais ça change rien au fait qu'elle s'oublie. Les souvenirs, c'est dur à entretenir.
Énième. Soupir.
Elle trébuche dans Brooklyn. Elle aime à se dire qu'elle parcoure des kilomètres et des kilomètres, qu'elle finira par se retrouver au Mexique. Et si ça se trouve, elle tourne en rond. Depuis des heures. Et des heures. Mais taisons-lui ce détail. Faut la laisser rêver un peu.
Bousculade. Pardon, excusez-moi monsieur.
On l'excuse parce qu'elle ne voit plus.
Elle baisse la tête, toute pleine de honte.
Marre de marcher, se plaint-elle, cette fois. Et si je volais ? Elle rêvasse. Marre de traîner les pieds, de trébucher dans le goudron et dans les gens. Dans le ciel, il n'y a que les nuages qu'on peut percuter. Mieux que ça : y a même des chances qu'on s'en rende pas compte. Parce que passer au travers des nuages, ça fait rien de plus qu'une petite bouffée de froid. Hortense, elle s'arrête, elle lève les yeux vers le ciel, sans le voir. Elle l'imagine bleu alors qu'il est gris, tant pis. Elle voudrait y partir, là-haut, slalomer entre la vapeur des nuages, réchauffée par les bras du soleil. Si elle avait un peu plus de rêve en elle, elle irait faire comme les oiseaux : se jeter du haut d'une tour. Et ouvrir grand ses ailes. Mais elle sait trop bien qu'elle pourrait mourir comme ça. Et elle refuse cette idée-même, elle marche dessus.
On lui tient la porte du parc, après vous mademoiselle.
Elle cherche un banc, elle tâte un peu partout, rencontre la branche d'un arbre, le bras d'une personne, s'excuse, trouve finalement son chemin.
S'assoit.
Hortense, elle ne veut pas de chien pour la guider au travers de Brooklyn, et puis de la vie. Elle refuse d'apprendre le braille. Elle se cabre quand on cherche à l'aide.
Hortense, elle s'en sort tout bien, toute seule.
Et sur son banc, elle arrive à avoir trois minutes, peut-être quatre, allez, de bonheur. Elle s'en va dans un de ses mondes, un qu'elle aime particulièrement. Il est vide, il est calme, c'est tout blanc et enneigé. C'est nul part et partout, c'est tout simplement une clairière pleine de neige comme on en voit partout en hiver, près de la campagne. Elle se cache là, dans ce monde imaginaire-là, à défaut de pouvoir voir les arbres autour d'elle, les gens, les enfants, les chiens qu'on promène, la fontaine.
Et puis, ça sent le mâle. Ce parfum très, trop fort.
Et Hortense, elle sait que l'odeur, elle fait partie du monde réel.
Elle sait même de qui ça vient.
En un mot, en un nom : Felix.
Felix qui marche jusqu'à elle, présentement, en diffusant autour de lui un peu de son parfum et beaucoup de son optimisme à dégueuler.
- Encore là pour capturer le bonheur des autres, en mettant le tien de côté ?
Bonjour en langage Hortense.
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Felix Esche
Felix Esche

REPRESENTATIVE SONG : rust or gold (jill andrews)
IN THE POCKET : son téléphone, son porte-feuille, une petite boîte d'allumette, 25 cents, une photo.
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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyDim 29 Sep - 18:12


Il en a vu beaucoup, Félix
L'astre solaire qui vient s'effondrer contre l'horizon, la bruine passagère qui tombe comme du cristal sur un visage, la douleur des souvenirs, le bonheur du l'instant, l'amour à en imploser, le chagrin à en exploser. Des sourires hypocrites et des larmes théâtrale. Du vrai, du faux. Formes colorés aux saveurs d'amertume, de pardon, de tendresse ou de détresse.

Il en a capturer des scènes,
Étendu là sur un patchwork sentimental qu'il tisse à l'aide d'image volé aux autres, aux inconnus qui n'attendaient rien, qui attendaient tout. A ceux qui rêvait, ceux qui pleurait. Il s'est nourrit des sentiments piochés ici et là, sans jamais regarder l'état de son existence à lui. Il a fabriqué la sienne sur l'image des autres. Sur l'idée folle d'apprendre à comprendre. De saisir les frémissements de lèvres que personne ne remarque, les battements de cils qui pourraient paraître anodin, les doigts emmêlés qui racontent une histoire.

Il en a apprit des choses,
Des subtilités que personnes ne parviendraient à saisir, des choses si évidentes à ses yeux mais si improbable aux yeux des autres. Il lit l'invisible, comprend les silences, traduit les soupirs, il décrypte les gestes. L'art de l'humain. Parfois trompeur, souvent approximatif. Un apprentissage sans fin dans lequel il se délecte avec un plaisir qu'il est difficile de comprendre. Toute une jeunesse muée par le désir de comprendre chaque parcelle de l'humain, toujours si différent de son voisin. Comme à vouloir se comprendre lui-même aux travers des inconnus.

Il en a comprit, des gens,
Mais pas tout le monde.

Hortense. Elle est là sur un banc avec son port de tête altier. Princesse d'un autre temps. Peut-être d'ailleurs que ces yeux sont restés là-bas, dans l'autre temps, dans un espace temporelle qui est plus jolie que le monde d'aujourd'hui. Et Hortense râle de ne jamais les retrouver. Râle encore face à la fatalité. Puis râle une nouvelle fois. Mais juste pour le plaisir. Parce qu'Hortense elle est comme ça.

- Encore là pour capturer le bonheur des autres, en mettant le tien de côté ?
La voix, éternelle râleuse, d'Hortense se répercute dans le presque-silence de son arrivée. Il aurait dû se douter qu'elle allait le repérer. Hortense ne voit rien mais Hortense voit beaucoup. Paradoxe étrange. Il encaisse la question/remarque avec une indifférence presque normal. Les piqûres de la rose Hortense ne font plus mal lorsqu'on comprend qu'elle cherche seulement à trouver un moyen de fleurir en paix. Dans son grand trou noir fait d'amertume et de sarcasme. « Mon bonheur va très bien. Et le tient, tu as songé à le sortir de ton placard ? Tu serais plus jolie avec lui qu'avec ton sarcasme. » Felix apprend encore, il apprend le langage Hortense. Celui qui dit « je t'emmerde, mais pas assez fort pour que tu t'éloignes. » celui qui suppose qu'elle n'a besoin de personne alors qu'elle passe trois fois au même endroit en cherchant sa maison. Celui qui dit  ''je détourne les yeux de cette société qui m'a volé mon regard'' et qui se perd dans sa triste amertume.

Il apprend mais c'est plus tellement devenu un plaisir.
C'est davantage un besoin Celui de voir les sourires se dessiner les uns après les autres sur les lèvres pincés d'une Hortense fatiguée d'être seule dans son obscurité.
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Hortense Mer
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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyDim 6 Oct - 8:47

Pas de réaction du côté allemand. Les bonjours mal aimables, il a appris à les laisser passer, ils résonnent à ses oreilles mais rien de plus, c'est tout, il laisse le vent emporter les mots râleurs d'Hortense. Vers un autre monde. Un monde où les gens n'ont pas d'yeux et râlent contre ceux qui en ont. Pourtant Felix finit par entrouvrir les lèvres et laisse quelques syllabes s'en échapper.
- Mon bonheur va très bien. Et le tient, tu as songé à le sortir de ton placard ? Tu serais plus jolie avec lui qu'avec ton sarcasme.
Bien choisis, les mots.
C'est Hortense qui ignore cette fois.
Essaie.
En soupirant tellement fort que ça fait voler quelques feuilles qui sont échouées, là, par terre, abandonnées par l'automne débutant. Mini-tornade-Hortense.
Ses doigts échoués sur ses cuisses font du piano en une musique rapide et stressante. Hortense elle faisait du piano dans une autre vie. Les doigts contre le marbre, elle en faisait de la jolie musique. JOLIE, JOLIE, JOLIE. Dire que Felix a choisi ce mot-là pour la décrire. Et pas pour la première fois. La musique s'accélère.
Et si je mourrais tout de suite ?, se demande-t-elle. Alors Felix la trouverait bien, bien laide. Crise cardiaque, imaginons. Les yeux aveugles hors de leurs orbites, le corps convulsés. Oh, qu'elle serait laide. Mais qu'elle serait belle. Comme toujours. À jamais. Elle veut juste qu'on lui dise : « mais que vous êtes laide mademoiselle, comme ça, vous me faites mal aux yeux, allez donc cacher les vôtres, si vous saviez à quel point vous êtes repoussante avec vos yeux qui ne voient plus. » Mais au lieu de ça elle a repêché un allemand qui ne cherche qu'à immortaliser sa beauté dans sa boîte à visages. À ajouter d'énièmes traits quasiment inconnus.
Et si je mourrais tout de suite ... Non, la crise cardiaque, c'est trop laid. Repoussante comme elle s'imagine, Hortense, elle veut tout ce qu'il y a de plus beau. Même la mort. Hortense, elle veut la mort sublime. La noyade dans des eaux sombres, dans le grand bleu, à la manière de Jean Reno. Hortense, elle survivra à tout ce qu'il y a de laid, même des yeux qui ne fonctionnent plus, pour atteindre et accomplir tout ce qu'il y a de plus beau.
Faire dans le beau pour rattraper la laideur de son physique aveugle.
Qu'elle est fière, Hortense, même dans sa cécité.
Et Felix ? Felix patiente à ses côtés. Il attend un sourire, il attend un mot, peut-être deux, il attend qu'elle revienne de son monde où il n'y a qu'elle, elle dans le noir, qu'elle revienne dans le vrai monde où il y a Felix, et tous les autres.
Felix. À sa pensée, elle se cabre, elle retrouve des mots durs à cracher.
Qu'est-ce qu'elle crache, Hortense, comme une vipère. Elle est son propre adversaire.
- Arrête avec des mots gentils veux-tu. Arrête avec ton mot « jolie ». Si tu le dis encore devant moi, pour parler de moi, je te crève les yeux, comme ça tu n'y verras plus rien du tout, plus de beauté, rien, comme moi. Et tu verras comme la vie et tout ce qui la constitue est laide quand on ne voit plus sa beauté de tous les jours.
Envoyé.
Est-il beau, Felix ? Se retourne-t-on sur son passage ? A-t-il une blondeur angélique, une rousseur unique ? Des yeux ambre, turquoise, bruns ? Une taille haute, des avant-bras musclés ? Les yeux d'Hortense se le demandent, cherchent à apercevoir un minuscule morceau de lui. Un bout de joue ou une lèvre. Manquerait plus que ce soit un joli garçon qui lui dise qu'elle est belle. Manquerait plus qu'on la voit avec un beau garçon.
Un monstre avec un adonis.
Le Felix en tous cas prend avantage de sa laideur, à elle, Hortense. Inconsciemment. Du temps où elle avait des yeux, il serait pas venu la voir, comme le reste du monde. Elle était plutôt du genre à voler à l'envers et à s'en fiche. De voler à l'envers, et des autres.
Elle se lève, Hortense. Lisse sa jupe, rajuste son chemisier, desserre son foulard.
Poupée amblyope.
- Allez, emmène-moi quelque part où c'est joli.
Et elle tend la main, presque vulnérable.
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Felix Esche
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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyJeu 24 Oct - 14:50


Felix se demande, parfois, à quel instant de sa vie Hortense a cessé d'être heureuse. Il sent bien au fond de lui qu'il fut un temps ou elle rayonnait, différente de la masse du peuple, qu'on remarquait à tout instant. Comme une brise d'été aux fragrances de vanille. Elle sentait la vanille, ça aussi il en est sûr. Elle devait faire éclipse au soleil avec des sourires qu'elle ne montre plus, sans doute qu'elle en avait à la pelle des prétendants farouchement épris de sa douce candeur, auxquels elle ne prêtait pas attention, trop subjugué par la vie qu'elle aimait encore à cette époque. Peut-être même qu'elle rêvait d'avenir, d'amour et d'aventure. Tous ces trucs de jeunes femmes qui voient un radieux futur.

Tu reviendras un jour, Soleil-Hortense?
Qu'il te rencontre Felix, un jour ou l'autre.


« Allez, emmène moi quelque part où c'est joli. » Allez, emmène la quelque part où c'est joli. Un endroit aussi beau que grandiose, dont les sens cachés sont aussi présent que ceux de la tourmente d'Hortense. Allez, emmène la, emmène la Felix. Dans un lieu qu'elle n'oubliera pas, jamais. Elle le verra avec sa conscience, en sentira les vibrations folles, pourra mourir un jour en se rappelant de tout ce qu'implicitement, il pourra représente. Alors Felix, il l'emmène. Sa main dans celle d'Hortense, prêt à la guider, à l'emmener là ou c'est joli. Il fend les foules de Brooklyn en prenant soin d'elle. Attention à la marche, au trottoir, la ruelle est poisseuse ne t'y frotte pas Hortense, tu salirais tes bras dont la peau semble si douce. Puis attention au chien là, il est seul et abandonné, quelqu'un viendra l'aimer un jour.

Toi aussi on viendra t'aimer un jour.
Ça Felix le tait, c'est une chose que les gens polis taisent à ceux qui n'y croiront jamais. On alimente pas les rêves morts, ils sont déjà foutu. Il faut en créer d'autres, des plus beaux plus grandioses encore. Qui saura éclairé le chemin d'une Hortense qui ne voit rien. Felix il sait, couturier des rêves, il les brode lentement, avec passion et acharnement. Ce sera dur mais il veut croire qu'il pourra broder ceux d'Hortense, bâtir tout un château plein de rêves pour compenser ses années où elle a cessé d'en avoir vraiment.

Rue de droite, de gauche, odeurs de bouffe chinoise puis indienne, des gens qui cris, d'autres qui chuchotent. Felix qui marche avec Hortense. Les rêves et l'amertume qui dévalent les sentiers d'une parcelle d'existence. Ça a quelque chose de beau, non? Quelque chose de triste aussi. Trop de rêve pour une seule personne, trop de tristesse pour l'autre. Mais quand Felix souffle, c'est pour envoyer sa magie sur Hortense, elle verra un jour, pas avec ses yeux mais avec son âme, que les choses sont belles. Pas toutes, certes, il ne faut pas trop rêver non plus. Mais beaucoup. « On est arrivé. » L'endroit est sale, trop de gens qui jettent leurs déchets et mégots sur le sol. Le monde vit autour d'eux alors que Felix monte sur le banc, fait monter Hortense aussi. Face à la foule qui n'y voit rien. « Ferme fort tes yeux. Fort comme si tu voulais disparaître ailleurs, ou devenir invisible. Fort, fort, fort. »

Elle va prendre ça pour de l'usurpation.
C'est jamais qu'une question de perception.


« Qu'est-ce que tu vois maintenant ? » C'est pas une blague, ni un défi. Pas même un jeu. C'est la rencontre de la conscience et de la vérité. De l'âme et des sensations. Il a lâché la main d'Hortense, pour qu'elle ne sente plus que le monde. Derrière son dos, deux doigts croisées.

Il voudrait juste qu'elle comprenne, les yeux c'est qu'un accessoire pour rendre les gens plus hypocrite. C'est pas non plus une chance de rien voir, mais par certains instant, c'est une position de grandeur face aux autres qui voit tout.
Ils voient tellement qu'ils ne voient plus rien.
Hortense, elle saurait voir l'invisible, si elle le voulait bien.
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Hortense Mer
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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyDim 27 Oct - 20:35

Elle voudrait remonter de quelques secondes en arrière soudain, elle a pris peur, peur de se faire guider, de se laisser aller. Alors elle retire sa main suspendue dans le vide, mais c'est trop tard, Felix y a déjà placé la sienne.
Alors c'est parti le voyage.
Elle boue, Hortense, elle boue. Elle a envie de lui dire, ça va, moi aussi je le connais Brooklyn, je sais où est quoi, ce bout de trottoir, cette porte, ce lampadaire. Je sais, je sais, elle voudrait hurler.
Alors qu'elle ne sait plus, en fait.
Et que même si être pendue à la main de Felix ça fait handicapée, maternée, bébé, petit chien, infirme, dorloté, gamine, voire sale gosse, invalide, anormale, c'est pas si mal, pour une fois. De ne pas avoir à se méfier de tout, tout ce qui est invisible aux yeux, alors tout, donc. De se laisser aller. D'accorder trois poussières de confiance à quelqu'un, un semblant d'ami. Une portion lilliputienne de confiance, mais de la confiance quand même. Fais-y gaffe, Felix.
Et il y fait gaffe, Felix.
A la confiance. Et à Hortense.
En chemin, Hortense, elle chausse des lunettes de soleil qui lui grignotent un bout de son visage. Ça commence à chauffer le soleil d'octobre sur la peau fine des paupières. Et puis elle comprend qu'avec Felix ils peuvent avoir l'air de deux amis avec les mains accrochées, alors elle cache ses yeux malvoyants pour faire comme si elle était ... typique. Une fille qui met des lunettes teintées quand le soleil fait briller ses rayons.
Et puis ils arrivent, Felix dit.
Ils piétinent sur le sol inégal et soudain plus du tout. Soudain, Felix hisse et Felix s'hisse sur quelque chose. Qu'est-ce ? Une montagne, le sommet du monde ? Pour une fois elle est curieuse de ce qu'elle ne peut plus voir. Elle sent qu'ils sont sur du solide, un dos de dinosaure peut-être, et qu'il y a du vide autour d'eux, que si elle se mettait à avancer, elle ne rencontrerait rien et que la gravité la ramènerait au sol.
Direct.
Là-haut, Felix lui murmure, rien que pour elle :
- Ferme fort tes yeux. Fort comme si tu voulais disparaître ailleurs, ou devenir invisible. Fort, fort, fort.
Ferme les yeux et regarde, qu'il lui dit.
Impossible pour les autres.
À portée de main pour Hortense.
Alors elle ferme la porte de ses yeux, Hortense.
Et Felix abandonne sa paume. Hortense panique pendant deux nano secondes. Mais Felix est toujours là, et il te dit :
- Qu'est-ce que tu vois maintenant ?
La question à mille dollars pour un aveugle. Mais Hortense, elle comprend, elle comprend les mots de Felix, et elle essaie de toutes ses forces d'en voir le plus, de choses.
- Il y a que ... des choses laides. Pourtant c'est beau.
Parle plus fort, on t'entend pas.
- Parce que c'est la vie. Les gens qui crient et qui s'aiment puis se détestent, se détestent puis s'aiment. Les enfants qui se gavent de malbouffe pour combler le vide qu'a creusé l'ennui en eux. J'ai dit laid pour parler de l'endroit, mais c'est ... une question de perception. À mon avis c'est surtout laid. Ces gens qui vivent mal et qui ne regardent pas là où il faut. Laid mais beau. C'est perturbant, en fait. On est tentés de crier le mot laideur devant un tel étalage de vie, mais malgré tout c'est beau, c'est beau.
Mini-rire pour dire, oui, je n'y comprends pas grand chose à cet endroit mais il me plaît.
Et puis il lui plaît plus. Plus du tout. Il y a quelque chose, le ciel qui lui tombe sur la tête ou alors juste un murmure du vent, qui la ramène à la réalité. Sa réalité aveugle.
Elle ouvre les yeux, allez c'est fini les rêves. Et même si ça fait des années mais ça fait toujours aussi bizarre de vois le même noir vide les yeux ouverts ou clos.
Elle ouvre grand les yeux comme si elle essayait de voir la réaction de Felix quand elle dit :
- Ça sert à rien tout ça.
Mais elle regarde même pas du bon côté, Felix est à ta droite Hortense, côté tâche de naissance en forme d'étoile.
Souvenir d'une autre vie. Quand c'était elle, l'étoile, elle, Hortense.
Ça sert à rien, hein ? Non à rien. Elle saute du perchoir, un banc, en fait. Le sol arrive sous elle un peu plus vite que ce qu'elle imaginait mais elle se froisse juste un peu le talon, c'est tout.
Et elle s'en va, elle s'en va, mais pas sans avoir dit :
- Merci.
Parce que ça se fait ? Non, parce qu'il le mérite, Felix, à conduire la poupée aux yeux crevés dans le capharnaüm de Brooklyn. À croire qu'il cherche à ce qu'elle trouve une nouvelle façon de voir, rien qu'à elle. Un peu plus et il lui mettait un appareil photo dans les mains. Que ça doit être sublime, des photos d'aveugles.
Elle dit merci et elle s'envole. Elle part directement en cinquième vitesse, sa fierté en bandoulière, et elle trace, Hortense, elle trace. Même, pendant des débris de mètres, elle a cet air de voyante quand elle marche, comme si elle avait vraiment des yeux.
Et puis. Boum. Un choc. Une bousculade. C'est rien, rien qu'une épaule, et l'épaule en question s'excuse même très poliment. Mais Hortense elle se fige. Hortense elle est aveugle. Elle reste là au milieu de la vie qu'elle observait tout à l'heure, accrochée au sol, elle sait plus où elle est. Elle voudrait pleurer, mais elle en a marre, de pleurer, elle voudrait que ses yeux voient, pas qu'ils gouttent.
Non, elle voudrait pas pleurer, de toute façon. Elle voudrait ...
Être un oiseau.
Les oiseaux eux n'ont pas besoin de voir pour vivre et voler. Il n'y a que les nuages comme obstacles, et les nuages, ils se laissent gentiment transpercer pour laisser passer les oiseaux. Des gentlemen ces nuages.
Elle voudrait, elle n'est pas.
Elle est scotchée au sol, immobile mais tremblante, comme les feuilles fanées autour d'elle.
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Felix Esche
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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptyMer 30 Oct - 11:38


Hortense dit, c'est laid. Et soudain les visages du monde semblent tous tristes. Puis Hortense dit, c'est beau. Et la foule est déformée, avec des larmes et des sourires. Des yeux brillants mais des mines déterrées. Ils sont déformés par les mots magiques d'une Hortense tragique. Le monde qui a pris l'eau, qui a décoloré. Tout à déteint et la peinture coule. Un peu de sourire rouge de joie sur le trottoir ou l'herbe verte s'y est déjà transposée.

« Parce que c'est la vie. Les gens qui crient et qui s'aiment puis se détestent, se détestent puis s'aiment. Les enfants qui se gavent de malbouffe pour combler le vide qu'a creusé l'ennui en eux. J'ai dit laid pour parler de l'endroit, mais c'est ... une question de perception. À mon avis c'est surtout laid. Ces gens qui vivent mal et qui ne regardent pas là où il faut. Laid mais beau. C'est perturbant, en fait. On est tentés de crier le mot laideur devant un tel étalage de vie, mais malgré tout c'est beau, c'est beau. » Il aurait pas su dire mieux, Felix. Il aurait pas su exprimer de plus belle façon la magnifique catastrophe qu'est l'existence. Il a jamais su exprimer grand-chose de toute façon, à part au travers de ses photos, ses clichés muets qui parlent dans leurs gestes bloqués, éternels et vieillit par le temps, le vent, la pluie et le soleil qui les façonnent depuis qu'il les a créé, collé, dévoilé. Mais les mots d'Hortense, ceux qui s'envolent avec l'air qui secoue le monde, ils sont déjà partis, ils ont volé loin et même si leur pâle copie reste dans l'esprit de Felix, ils ne reviendront pas. Il sera le seul à avoir entendu les jolis mots d'Hortense qui redonnerait l'espoir mélancolique au plus démunis. Mais personne le saura jamais. Sauf lui. Comme un secret tacite entre eux, le murmure qui dit qu'elle a pas totalement perdu espoir. Qu'il en reste un peu, quelque part dans ses tiroirs, caché dans le fouillis de sa détresse.

Parce que c'est plus du pessimisme, il vient de le comprendre Felix, ni même du désespoir.
C'est la détresse.
La peur d'être seule, les appels au secours, la colère de l'effroi.
Mais pas de la haine.


« Ça sert à rien tout ça. » Dans les dessins animés, on entendrait un truc comme .. Patatra. Ou Bang, ou même Bim. Un truc qui montre que ça s'écroule. Puis c'est triste parce qu'Hortense y était, elle touchait du doigt la vérité de l'âme et Felix, le souffle coupé, la voit abandonner. Parce qu'il sent bien que c'est dur pour elle, que ça suffit pas de comprendre qu'elle voudrait voir réellement. Que l'âme elle est bien gentille mais à un moment faudrait qu'on lui donne les yeux qu'on lui a volés. Si Dieu existait, Felix lui demanderait de descendre, il aurait deux-trois mots à lui dire. L'engueuler un bon coup pour avoir joué les sadiques, il devait bien s'emmerder là-haut pour embêter l'étoile brillante, briser son ampoule. Elle est cassée Hortense, un peu désarticulée, Sa lumière claque et disparaît. L'éclair qui vous éblouit pour vous laisser dans l'ombre. A quoi il joue le tout puissant, à donner puis reprendre ? C'est moche. Mais Hortense est belle. « Merci. » Elle s'en va. Elle part là. Et Felix voudrait crier que non, pars pas Hortense, attend moi, je te laisse pas, pas comme ça, pas maintenant. C'est trop triste de se quitter sur ça, puis de te quitter aussi parce qu'avouons le, y a personne qui comprend comme toi. Y a personne qui m'intéresse comme toi. Même mes photos sauraient pas exprimer ça. Hortense part pas.

Mais trop tard, Hortense s'en va.
Et Felix court pas après les gens, ils les capturent dans sa boîte à photo, mais ils leur court pas après. Il sait pas faire.

Et Hortense se cogne. Et Hortense tombe. Et Felix ne bouge pas, le temps d'un instant. De regarder l'étoile qui se casse la figure et s'effondre sur le sol décoloré par ses mots tristement beau. Puis il peut pas la laisser là, perdue sur son bout de sol entre deux trois feuilles mortes, ça lui va pas, elle devrait faire un truc magique, comme dormir dans les étoiles. Sur le soleil même. Elle y brûlerait pas, c'est elle qui l’éclipserait, il en est presque sûr Felix. Même s'il tenterait pas l'expérience, elle partirait trop loin et c'est fort possible qu'elle lui manque trop. C'est un peu égoïste mais la poupée brisée, il préfère la garder vers lui. Alors il descend de son banc, il avait l'air con de toute façon, tout seul dessus. Sa main glisse un instant sur la joue d'Hortense j'suis là, t'as vu Hortense, j'suis là., il pense tout bas, et il attrape ses mains, pour calmer les tremblements, la relève doucement, comme un colis fragile qu'on voudrait pas casser, un oiseau blessé qu'on veut récupérer pour le soigner. Puis il la prend dans ses bras, c'est pathétiquement lui de faire ça. Prendre Hortense dans ses bras. Il sait pas si elle sera d'humeur aujourd'hui, ni jamais en fait, mais il s'en fiche. Il la serre contre lui, pas trop fort pour pas l'abîmer encore plus avec ses manières gauches d'être gentil. Il est plus doué en photo.

« Ça sert, bien sûr que ça sert Hortense. J'ai pas envie que tu cours à l'opposé du monde toute ta vie. T'es faites pour tout ça, les gens qui rient, qui pleurent, qui vivent. Ta place, si elle est pas quelque part où ça brille, moi j'suis sûr qu'elle est au moins quelque part ou tu pourras briller. Arrête de courir, et j'te promets que je te montrerais, moi, tout ce qui est beau. Vraiment beau, jamais laid, ou pas souvent, en tout cas. »
Et puis à quoi tu joues Felix ? Pourquoi tu parles ? Pourquoi tu fais l'homme providentiel comme si tu pouvais sauver Hortense ? Comme si à toi tout seul t'étais assez fort ? Pourquoi tu minaudes comme ça, à essayer de bâtir une utopie pour la petite poupée-étoile ? T’arrive là, comme ça, avec ton appareil photo et tes paroles d'imbécile mélancolique, ça suffit pas … Ca suffit Hortense tu crois ?
Tu penses que j'te suffirais, un jour, moi ? Avec le monde et tout ces trucs-là?
Ah non, non j'rêve pas. Promis. J'essaie juste de pas t'abandonner, comme tout le monde le fait.
De pas te laisser t'abandonner toi-même.


Trop jolie Hortense pour mourir dans le noir.
Trop égoïste aussi, Felix, pour la laisser faire et ne plus la voir. L'avoir. Un peu.
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Hortense Mer
Hortense Mer

REPRESENTATIVE SONG : spanish sahara (foals)
IN THE POCKET : du sable, des étoiles, une paire d'yeux inutiles.
PSEUDO : pivoine prairial (élodie)
CREDITS : endless wildness.
DOLLARS : 41

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MessageSujet: Re: CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE.   CE BRUIT DE CŒUR QUI SE CASSE. EmptySam 2 Nov - 20:21

Y en a des choses qui se passent autour d'elle, mais avachie dans son malheur, elle ne les sent même plus, les choses. Elle est comme dans un désert on dirait. Sauf que dans le désert il y a au moins le bzzzzz des insectes. Là où est Hortense il n'y a rien.
C'est le vide, V, I, D, E.
Pourtant autour d'elle il y a toujours la vie et les choses qui se passent, c'est juste elle qui s'est transformée en un trou de mort, elle l'a creusé il y a bien longtemps et à l'instant elle vient de tomber dedans, il faudrait quelqu'un pour l'en sortir maintenant.
Il y a la vie oui. Il y a Felix qui s'envole du banc pour voler jusqu'à elle, il y a les gens autour qui se demandent qui est cette déesse déchue affalée par terre, qui passent à côté sans rien dire, il y a un enfant qui fait ses premiers pas en se disant, grave, que les adultes tombent aussi parfois, comme la brune là-bas, il y a aussi un chien qui fait pipi et qui ne pense rien du tout, et bientôt, il y a le ciel qui se met à pleurer.
Pompon sur le gâteau.
Hortense, elle peine à revenir parmi les vivants, et surtout, à fonctionner normalement. Ses yeux c'est une chose, mais là, c'est son corps tout entier qui ne lui répond plus. C'est la peur qui l'ankylose. Celle de se relever pour risquer de retomber.
À l'intérieur il n'y a plus que son cœur qui marche, ce vieux au bout du rouleau qui galope pourtant, il galope il galope, toujours.
Et puis on se décide à venir réanimer la poupée de chiffon. On lui effleure la pommette d'abord, pour lui dire, « eh, il y a quelqu'un qui est là pour te sauver, t'es toute seule dans le noir, mais pas toute seule tout court ». Et on la ramasse délicatement, comme une feuille morte qu'on risquerait de casser en l'attrapant. On la remet sur ses pieds mais il tangue, le fantôme-Hortense, elle a l'impression de ne pas s'être tenue sur ses jambes depuis mille ans. Et puis ça revient, l'équilibre. Hortense, elle partirait presque.
Mais non, on la prend dans des bras.
Et ce parfum, ce parfum.
C'est Felix son bienfaiteur, évidemment.
Il la tient bien contre lui, juste comme il faut, parfait équilibre entre l'étreinte trop légère et celle qui étouffe. Et il profite de l'avoir à portée de main pour lui chuchoter des mots de réconfort :
- Ça sert, bien sûr que ça sert Hortense. J'ai pas envie que tu cours à l'opposé du monde toute ta vie. T'es faites pour tout ça, les gens qui rient, qui pleurent, qui vivent. Ta place, si elle est pas quelque part où ça brille, moi j'suis sûr qu'elle est au moins quelque part ou tu pourras briller. Arrête de courir, et j'te promets que je te montrerais, moi, tout ce qui est beau. Vraiment beau, jamais laid, ou pas souvent, en tout cas.
Elle sourit, Hortense, un mini-sourire qui lui tire la peau. C'est que sur les lèvres d'Hortense, il en fleurit jamais des sourires. Sauf quand Felix la prend dans ses bras et lui murmure des gentillesses.
Felix c'est pas un super héros pourtant. Il a que des photos, un accent germanique et beaucoup, beaucoup d'optimisme. Mais voyez, voyez comme il arrive à la faire sourire joliment Hortense.
Ah mais non, vous ne voyez pas, c'est qu'elle s'est cachée dans la nuque du garçon.
Et comme elle y est bien, elle décide de ne pas bouger.
Elle cherche à s'ancrer en lui, parce que ça a l'air bon d'être Felix, d'avoir de la douceur à donner, de l'optimisme à en faire exploser le soleil, voire la lune. Elle cherche à se fondre en lui, pour devenir un peu comme lui.
Allons bon Hortense.
Et ton air revêche ? Ta distance ? Ton défaitisme ?
Oh, ça, on le fout là-bas dans le coin, où ça ne pourra plus venir nous emmerder pour un moment.
Dans le cou de Felix, la voix d'Hortense ne résonne que pour eux, comme s'ils se disaient un secret. Dans son cou, elle laisse quelques mots s'échouer contre sa peau réchauffée par son souffle.
- J'aimerais bien être un robot. Comme ça chaque fois que quelque chose irait pas on pourrait me démonter et rajouter ou enlever des pièces pour que je redevienne normale. Et il y aurait qu'à m'ouvrir la tête pour retirer les pensées sombres.
Soupir. Long comme ces routes dans la campagne américaine, ces routes qui n'en finissent plus d'exister, et qui semblent durer pendant des années.
- Tu te rends compte que ... On m'a supprimé mes yeux alors que je savais où les poser, moi, où regarder. Je les sens les gens autour de moi, ceux qui savent pas se servir de leurs yeux, qu'ont les yeux perdus à force de regarder tout et n'importe quoi. Il s'abîment les yeux en ne regardant qu'à peine, en fixant les écrans de leurs téléphones et en observant les mauvaises personnes.
Toujours l'injustice, cette impureté.
Et là Hortense dans le cou de Felix, elle dépose deux-trois larmes timides. C'est bien ici, dans Felix, on peut faire ce qu'on y veut. Personne pour la regarder et se demander si ses yeux lui servent à quelque chose ou si ils servent juste à décorer. Elle est bien là, sans personne pour être témoin de sa disgrâce.
- 'Puis c'est ... déjà assez difficile comme ça de se dire : oui, le monde autour de nous existe. Alors si en plus il te devient invisible. Tu te mets à douter de tout. Je doute de tout.
Et à ces mots qui pourraient pourtant, s'ils l'avaient voulu, entraîner encore quelques larmes et beaucoup de malheur du cœur, à ces mots, Hortense retrouve sa superbe. Fait leurs corps se séparer après beaucoup de mots et quelques larmes. Le monde est toujours aussi noir, aussi noir que dans les bras de Felix et elle, elle a encore son parfum particulier dans la tête, alors elle fait comme si le noir du monde, c'était le noir du cou de Felix. Mais elle s'écarte malgré tout.
- Merci.
C'est encore un merci différent, un merci qui vient tout droit de là, du cœur, c'est un merci chaud, il pourrait allumer un feu de cheminée ce merci tellement il est fervent. Au lieu de ça il allume les yeux océan d'Hortense Mer et on dirait, pendant un instant, qu'elle a retrouvé la vue.
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