fierce, suffit de regarder dans ses bright green eyes, lieve en veut et ça se ressent à chaque fois que ses baskets frappent le bitume, que ses poings gantés s'écrasent sur la face d'un adversaire. dès qu'elle a une chose en tête, impossible de le lui enlever, elle ferait tout pour atteindre son objectif, quitte à faire souffrir ses proches, quitte à leur tourner le dos, rien à foutre, qu'elle dirait en vous montrant son majeur. lieve, c'est une battante, une gagnante, elle est droite, digne de confiance, toujours prête à aider, à se sacrifier pour ses valeurs... problème, elle est aussi pleine de fureur. depuis que son père s'est fait descendre dans une épicerie par un petit jeunot voulant jouer au caïd y a sept ans, elle est en colère contre tout : contre les urgences arrivées trop tard, contre les flics qu'ont relâché le coupable faute de preuve, contre les hommes, les femmes, les noirs, les blancs, les hétéros, les homos, la vie, les gens. à seize ans, elle commet la connerie de sa vie : elle veut faire justice soi-même, retrouve et tabasse le meurtrier de son père et le laisse pour mort. elle se retrouve en juvie et passe un an à ruminer sa rage derrière les barreaux. du répondant, tant que la personne a assez de caractère pour la supporter elle et lui tenir tête, elle est prête à s'y intéresser et à lui accorder un peu de son temps. lieve a la fâcheuse habitude de faire passer des genres de test aux gens pour voir s'ils sont dignes d'intérêt. à l'entendre maudire et jurer toute la journée, on pourrait croire que pour elle, le bonheur n'existe pas mais lieve prend les choses comme elle vient, un petit rien peut illuminer sa journée : se foutre de son meilleur pote, manger un mcdo après un entraînement intensif, devoir aller chez le dentiste parce qu'elle s'est pétée une dent durant ce même entraînement (si, si, ça la rend heureuse ça). peut-être que le bonheur c'est découvrir tous les jours un truc qui vous donne envie de vivre. y a genre deux minutes, parce que ouais, même si elle tire souvent la gueule, même si elle fait la dure, le garçon manqué fusionné avec caliméro, lieve rie souvent pour tout, pour rien, parce que la blague était drôle, parce que la meuf là-bas est maquillée comme une baraque à frite ou juste parce que son pote est un con. sinon, pour dire vrai, elle rie généralement pour se foutre de la gueule des autres. aucune mention à la mort de son père cette fois, la dernière fois que lieve a pleuré c'est à la finale du championnat mondial de 2012. elle est trop confiante parce que jusqu'alors elle gagne tous ses matchs haut-la-main sans avoir à lever le petit doigt et est appelée "nouveau jeune espoir" par tout le monde. mais elle sous-estime son adversaire qui lui met la branlée de sa vie. frappée d'un violent coup à la tempe, elle est ko dès la troisième minute de match : l'orgueil en éclat, elle montre symboliquement sa faiblesse en éclatant en sanglot dans les bras de son entraîneur pendant que les médias se foutent de sa gueule. fight club on s'en fout si ça fait un peu cliché parce que se sentir vivant en prenant des coups c'est ce qu'elle fait tous les jours, la dénonciation du consumérisme, c'est elle quand elle veut faire chier le monde, marla singer c'est dix facettes de sa personnalité à la fois et le narrateur aux deux personnalités qui philosophe sur la vie, elle après avoir fumé trois joints. tu vois le tableau ? du bukowski, n'importe quel bouquin parce que ce mec est un génie. moche, grossier, alcoolique et dégueulasse. à l'époque, il envoyait toute l'amérique bien pensante se faire voir et écrivait des textes magnifiques un soir tout en se réveillant presque nu avec la gueule de bois dans les rues de los angeles le lendemain matin.  un mélange étrangement langoureux de sueur, de clope, de sucre et de fleurs. c'est ça, lieve sent brooklyn. des fois, elle s'imagine propulsée héroïne d'un film de lynch, personnage atypique, déroutante et attachante, hors du commun malgré les apparences, paysage peaufiné dans les moindres détails et avec ça, une bande originale parfaite en fond. la trahison et le manque de respect, il est déjà difficile d'entrer dans ses bonnes grâces alors il suffit d'un mauvais pas, d'une mauvaise parole pour recevoir un poing dans la figure et disparaître à tout jamais de sa vie. mourir en anonyme, mourir pleine de regrets. au fond, c'est peut-être la peur de tous les hommes. il faut vaincre ou périr. il n'y a pas de demi-mesure pour lieve. rédemption, après son séjour en prison, elle fait la rencontre de sa vie, une sorte de mentor qui lui fera comprendre que la colère est aussi vaine que brasser de l'air c'est cette personne qui lui montre qu'elle peut utiliser sa rage à d'autres fin, la voie du sport de haut niveau s'ouvre à elle, elle apprend doucement la discipline de la boxe, prend ses premiers coups, se fait casser le nez des tonnes de fois, gagne ses premiers matchs, se fait remarquer dans le milieu et passe pro en à peine cinq ans. bullshit qu'elle balance en vous maudissant, grognant, crachant ou bien en riant allègrement. tout simplement parce que lieve elle refuse de vous croire tant que vous lui avez pas prouvé que ce que vous dites est vrai. elle est du genre à ne pas accorder sa confiance facilement, elle est du genre à sans cesse vous faire passer des tests inconsciemment, juste pour être sûre qu'elle peut fouler les pavés avec vous, que vous lui planteriez pas de couteau dans le dos quand elle surveille pas. que vous l'abandonneriez pas comme son père l'a fait. rouler sur son bmx et griller clope sur clope, son coach ne cesse de lui gueuler dessus pour qu'elle arrête parce que vous savez, un sportif de haut niveau doit préserver sa santé tout ça, tout ça mais vous connaissez lieve, impossible de lui faire entendre raison, elle n'en fait qu'à sa tête. si elle veut entretenir son cancer ou arrêter du jour au lendemain, elle le fera. maître de l'univers, le lundi, le mercredi et le week-end. en réalité, elle voudrait être une meilleure personne, quelqu'un de plus indulgent, de plus calme, de plus humain en somme. avant que son corps ne la supporte plus, que sa mémoire flanche. elle veut mourir dans la fleur de l'âge, brutalement, d'un knock-out fatal qui lui briserait les cervicales. une mort rapide. « oh merde, on s'est encore trompé dans les registres ! putain, le pater va encore  gueuler... mais c'est la faute à ce branleur de saint paul qui fait que d'la merde et qui passe ses journées à écrire des épîtres ! pff il l'a cru qu'il était rappeur. bon, en fait toi, tu vas chez nos potes du dessous, désolé. »

CONSPIRACY/Caro. Bazzart. Zhenya Katava   Je connais déjà pas mal les forums de Faustine, c'est toujours une tuerie