THE DOPE SHOW. Il va mourir, Ange, il va mourir et il le sait. Son cœur est intoxiqué et son corps tout entier n'est qu'une éponge à drogues. Dame Héroïne, elle lui fait pleins de promesses qu'elle tient pas vraiment mais il s'en fout. Il s'en fout, lui, parce qu'il a l'illusion de vivre, parfois. Et puis d'aimer la vie, un peu aussi, sans être un tas de haine. La poudre encore sur les narines, il sourit, Ange et son visage s'illumine. Y a que dans des moments de transe que le petit parvient à porter des traits à la hauteur de son prénom. Les ailes, elles lui poussent même parfois, dans son dos cicatrisé, elles couvrent son âme détruite et l'emportent vers d'autres cieux. Toutes les chutes sont douloureuses, lui explosent le crâne mais il continue, Ange, à s'injecter de la merde dans les veines. C'est peut-être un suicide, au fond, oui, ce doit être ça. Un suicide silencieux, à peine visible.  NEW FAMILY. Sa famille, elle est là, elle est partout, le regard vide, ou fasciné. Certains les considèrent comme des fous, d'autres comme des illuminés. Mais Ange, lui, il les aime, de toute son âme, il les considère bien plus que n'importe qui. Ce sont la relève de Charles Manson, prêts à tout pour lui rendre hommage et surtout, continuer ce qu'il avait autrefois commencé. Ça fait bien longtemps que son nom de famille s'est retrouvé remplacé par Manson. Chair haineuse, il ne craint rien, Ange, avec eux. Il se sent puissant, puissant et éperdument fort. Il tabasse, traite, salit des innocents. Tous ensembles, ils peuvent aller loin, et ils le savent. Elle est moche et détestable sa croix gammée, là, sur l'un de ses avants bras. Elle est à lui tirer une balle mais Ange ne vit plus que par elle. Que par cette haine gratuite, donnée à qui veut bien l'entendre. Ce gamin est obnubilé par sa nouvelle famille, il donnerait sa propre vie pour eux. C'est effrayant, de le voir offrir toute son âme à un fantôme. Un jour, c'est sur vous qu'il se retournera, Ange. HEINRICH. Son singe, toujours posé sur son épaule, ses grands yeux sombres vous fixent. Il est amoureux, le petit, de son animal. C'est certainement l'une des seules choses sur qui il porte encore un peu d'attention en dehors de son groupe sectaire. Ses doigts se perdent contre ses poils et le singe, lui, il semble sourire aux caresses d'Ange, c'est presque effrayant de le voir montrer ses dents aux inconnus. On a déjà essayer de lui enlever Heinrich mais il s'est battu, le gamin. Il s'est barré avec son singe quitte à avoir de nouveaux soucis avec les flics. Il s'en fout d'être un jour mordu par sa bête trop agressive, la douleur physique, elle n'est rien. C'est du superficiel, tout ça. Y compris ce foutu sang, juste de la déco, suffit d'un peu d'eau pour le faire disparaître. Alors, Heinrich, il peut rien blesser Ange, lui bouffer un doigt, il l'aimera toujours, le rasé. KAPI. Y a d'abord eu le frère, ou peut-être la sœur, qu'importe, dans toute cette drogue, c'est à peine s'il a su faire la différence, Ange. Y avait juste une petite main, courageuse, qui l'aidait à se piquer. Et quand il a relevé le regard, c'était lui, ce con, Caleb et ses yeux trop bleus. Puis de l'autre côté, en tournant la tête, c'était de douces lèvres pulpeuses. La sœur Kapi, la belle, l'unique. Ange l'embrassait, une seringue dans la veine. Il a jamais vraiment su s'il embrassait pour la première fois une illusion ou bien la jolie mais une chose est sûre : il a aimé, ce doux contact. Le cœur tremblant, Ange, est tombé dans les bras de la belle. Il a beau la frapper comme un connard qu'il est, son cœur défoncé bat pour elle, quelque part. Dans la bataille pour la drogue, Caleb, lui, il s'est perdu, il a laissé tomber Ange pour un meilleur chemin. Le petit, il lui en veut, il le déteste. Il aimerait, parfois, lui tirer une balle dans la tête mais quelque chose l'en empêche. L'espoir de le retrouver un jour, peut-être. LILY. Il voulait pas, non, lui faire du mal. À l'époque c'était encore un gamin innocent. L'âme était pas encrassée. Un parfum de bonheur dans sa nuque, Ange, il avait juste envie de sourire à autre chose que les murs de sa chambre. Et le petit, l'innocent, l'écorché vif, il s'est retrouvé dans une merde trop profonde, à vouloir caresser autre chose que la solitude. Il s'est retrouvé avec un cadavre, sous on lit, pendant une semaine. Une semaine d'horreur totale, à fermer les yeux sur une odeur de chair en décomposition. Alors, depuis, il en garde un sale souvenir, de la joie. Il se venge de tout ça, de cette ignoble douleur logée au fond du cœur. Il se venge à coups de haine. Demain, ce sera votre maison que l'on retrouvera brûlée, ou bien votre gamin, égorgé. La rancune n'a pas de pitié.

l'enfant sauvage/amandine. bazzart. anton lisin. mangeons bio.