Il s'agit là du même principe que le jeu du flood, qui tourne bien souvent, si ce n'est que nous vous déconseillons fortement le mode aléatoire puisqu'il doit s'agir des choix de votre personnage. En effet : vous allez devoir nous dire quelle chanson il aurait choisi pour chacune des parties suivantes, et développer en plus ou moins cinq lignes la raison de ce choix.

CON RAZÒN (PEDRO PIEDRA) Hortense commence la vie en fanfare, sur des airs espagnols. et, en rythme, toute la famille Mer, la belle famille Biolay, tout ce beau monde roule, navigue, pédale, avionne jusqu'à l'hôpital new yorkais qui a vu naître Hortense Mer. on dit que c'est un bébé magnifique, excellent porteur de son nom de famille, avec ces yeux incroyablement grands et terriblement bleus. CHINA GIRL (DAVID BOWIE) Hortense se lève d'un grand coup, y a tout qui vit en elle soudainement. les yeux qui s'ouvrent, les muscles qui s'agitent, les pieds qui réclament déjà le sol. Hortense est pas chiante le matin, Hortense est même déjà très belle. avec ses cheveux qui volent autour d'elle comme si elle était sous l'eau de sa piscine, avec son t-shirt de travers, avec son air fatigué-réveillé. Hortense, elle court jusqu'à la cuisine manger des kellogs. c'est ça Hortense qui se réveille, ça vous ravage le cœur. STANDING NEXT TO ME (THE LAST SHADOW PUPPETS) elle pose délicatement un pied devant l'autre, le genou tremblant, la fille au prénom difficilement prononçable, au nom carrément bizarre. au jardin d'enfants déjà les enfants se fichaient d'elle, et elle s'attend doucement à ce qu'ici, on l'accueille en la lapidant. elle serre les bras contre elle, contre son nounours originaire, resté à la maison. "parce que maintenant, t'es un grande", qu'on lui a dit. Hortense, elle aime pas être grande. la grandeur, elle lui donne un coup de pied et l'envoie valser au loin. elle veut rester un sale bébé. Hortense déjà elle se mure dans un silence qui la sauvera des autres mais qui lui donnera un air tellement trop sûr. jusqu'à la chute. I LOVE YOU (WOODKID) « je te pose mille et une questions. ça me donne ce prétexte : explorer tes traits, aimer la courbe de ton nez, désirer tes lèvres, me plonger dans tes yeux. tu parles et tu parles. et quand tu t'arrêtes, j'en demande encore. et quand tu ris, je fonds comme un caramel sur l'asphalte brûlant. parfois, ta voix vient d'elle-même caresser mes tympans pour me dire des gentillesses qui me rendent rouge. et alors je ne sais plus qui vénérer le plus - ton visage ou le son de ta voix. je voudrais juste. vivre sur toi. nager dans le bleu de tes yeux. faire de tes cheveux un lit pour dormir. faire du toboggan sur ton nez, collation sur tes lèvres. » ils s'aiment, Hortense et Isaac, ils s'embrassent tout le temps, et se crient des je t'aime dans les oreilles, ça cache le bruit des violons. HOME (WILL HANSON) ça bouge au ralenti, c'est pas un effet de caméra, c'est comme ça pour de vrai, parce qu'Hortense, elle sait à moitié ce qu'elle fait, alors elle prend son temps, exagérément. la musique résonne dans les murs et dans les têtes, une chanson qui pue l'espoir, et comme il en faut, de l'espoir, ça couvre au passage les insultes, les cris comme à la guerre et les coups, et les gémissements de douleur. ça couvre la voix d'isaac, les banalités doivent pleuvoir de sa bouche, arrêtez, ça suffit les filles. sa mère contre sa petite amie, son pauvre cœur risque de lâcher devant la violence de la mère, les coups d'Hortense, elle frappe fort Hortense, juste là où il faut, et puis, tiens, elle est même terriblement belle quand elle se bat. avec son chignon qui se déroule doucement, qui dégringole dans son cou.   SPANISH SAHARA (FOALS) elle a le visage salé de larmes. Les gouttes d’eau sortent des yeux rouges à une vitesse fulgurante et viennent échouer sur ses lèvres, dans son cou. c’est un spectacle magnifique et terrifiant. "tu me fais pleurer, Isaac". je sais. je t’aime, pourtant. je l’aime comme un ivrogne aime son alcool, un SDF sa couverture, au moins de décembre. j’ai envie d’effacer de mon pouce les traces de larmes, de les faire disparaitre d’un baiser, mais je n’oserais jamais, la toucher. c’est une étoile bien trop fragile. et l'étoile, elle s'en va, elle m'échappe déjà. elle se casse en courant la jolie, ma belle Hortense. je l'imagine courir au bord d'une route nue, très très vite, avec les cheveux mélangés aux larmes, et le sourire qui lui revient, un peu, déjà. et elle me manque. mais " j’étais trop jeune pour savoir l’aimer. " SCHOOL (SUPERTRAMP) la vie c'est comme cette superbe chanson de supertramp qui ouvre leur troisième album. ça commence doucement, et puis ça va vite, très vite, trop vite, ça pianote rageusement, ça ralentit, et ça repart, c'est le summum du n'importe quoi. ça ressemble à rien, c'est inattendu, comme la vie. comme la vie d'Hortense. sur les premières notes, on voit Hortense, s'élever, doucement. la musique s'accélère, la voix d'Hudson résonne, et Hortense, elle évolue tranquillement dans la vie. le ton monte dans school. et Hortense court, Hortense vit. ralentissement. on voit Hortense errer, se chercher, se trouver. piano déchaîné. Hortense tombe, pour la première fois. et Hortense continue, continue dans la vie, sur du Supertramp déglingué. MY FEAR #1 (CLOUD CONTROL) Hortense fut, est, sera belle. yeux océan et regard de feu à la fois, cheveux noisette galopant jusqu'au milieu de son dos, nez trompettiste, lèvres rebondies, voix sortie de vos rêves les plus doux. c'est ça Hortense. ça vous donne envie de lui sourire, mais Hortense, elle coupe la parole à ce sourire. et ça vous donne envie de lui parler, mais Hortense, elle vous fait trébucher contre vos mots. Hortense c'est la princesse depuis 1995, depuis la rentrée à l'école. Hortense domine, Hortense règne, mais toujours seule, fièrement. alors çà, Hortense n'a pas peur. pas peur de l'université, des nouvelles personnes qu'elle n'apprendra pas à connaître, des études. Hortense n'a pas peur mais fait un peu peur, quand même, elle est tellement haute avec sa confiance en elle terrifiante. TALK SHOW HOST (RADIOHEAD) premiers bas à l'université. mr Martin ne veut plus de toi, Hortense, il t'a jetée, à la poubelle, comme cent, mille autres étudiantes avant toi. elle sort, dans son pull le plus affreux, le teint défraîchi par cette maladie, l'amour. Hortense, pour la première fois, vulnérable, faible, au plus bas, au plus mauvais d'elle-même. Hortense, elle se traîne jusque là où on en profite pour profiter d'elle : dans un bar, le plus proche de son malheur. on la fait boire, elle danse sur les comptoirs, elle fait rire, on se moque plus ou moins. d'Hortense la Grande, bourrée, debout sur son tabouret, prête à tomber. fou rire généralement sadique quand elle se ramasse par terre, dans son déshonneur. le lendemain matin aura le goût d'une mauvaise chanson de radiohead. MAKE ME A BIRD (ELEKTRIK PEOPLE) électron libre. Hortense traverse la vie seule et avec satisfaction. l'enfer, c'est les autres, elle l'a lu. les autres, elle le repousse, loin, bien loin. et le petit monde, plus ça va, plus il s'y fait. il sait qu'il y a le monde d'un côté, et Hortense de l'autre. et puis ils débarquent, quatre étrangers, dans sa vie, tous d'un coup. s'improvisent confidents, insistent pour devenir ses amis. comme quatre barjots qui se seraient donnés le mot. Hortense, elle apprend la vie à cinq. Isaac et Martin ne comptent pas, avec ces quatre super-héros venus la sauver de son aigreur de solitaire, Hortense assimile le mot amitié dans toute sa profondeur, sa beauté, sa complexité. jusqu'au jour où les yeux s'en vont. LET ME SIGN (ROBERT PATTINSON) elle va se lever, Hortense, qu'est-ce que ça change d'être ici ou en afrique, elle ne voit rien. elle trouve, quelque part, la force magnifique d'ordonner à ses jambes de supporter son poids. ses jambes, au contraire de ses yeux, sont soumis à elle, ça la fait sourire tristement. un bout de son corps obéit encore aux ordres de son propriétaire. elle sourit et met un pied devant l'autre presque instinctivement. puis, cogne. "regardez où vous mettez les pieds", lui dit-on, avant de continuer son chemin. regardez, regarder, regarde, yeux, yeux, yeux. Hortense ouvre grand les paupières mais Hortense ne voit pas, ne voit plus, Hortense voyait putain, elle voyait les gens vivre et (sou)rire. elle hoquète, elle respire mal, elle suffoque dans cette enveloppe corporelle qui sait faire trop de choses, tout sauf voir. les passants interpellés par la belle fille paniquée, dans ses yeux voient des futures larmes. Hortense ne les sent que quand elles viennent brûler ses joues. et alors, Hortense Mer qui n'a jamais eu besoin de personne, cette Hortense-là se met à crier, au milieu de ses larmes, "aidez-moi s'il vous plaît je ne vois rien". cette Hortense se laisse tomber dans les bras des passants qui cherchent à la sauver, mais on ne peut plus sauver Hortense, regardez-la, elle est dépaysée dans son brooklyn. NIGHTCALL (KAVINSKY) elle ouvre grand la fenêtre du taxi, elle fait comme chez elle. Hortense, elle s'offre un petit cadeau, récompense de fin de journée. passe la tête hors de la voiture, laisse le vent lécher son visage. elle entend plus la musique, elle entend plus le moteur, et elle entendrait certainement pas la voix du chauffeur si il l'appelait. rien d'autre que le bruit du vent qui s'engouffre dans ses oreilles. ça chatouille, ça fait sourire. elle songe un instant à ses yeux, puis plus du tout. LOVERS IN JAPAN - ACCOUSTIC (COLDPLAY) c'est mal payé, sans aucun rapport avec ses études de droit entamées. mais eux au moins ont dit au mot aveugle. Hortense, elle répond au téléphone. il faut juste appuyer sur le bouton, elle sait lequel. elle porte, en ce premier jour, un chemisier assez sublime, en soie. avant de l'acheter, elle l'a touché, elle a dit il est beau. mais ce n'est pas le chemisier qu'on regarde; ce sont les grosses lunettes noires qui lui mangent la moitié du visage. conjonctivite, a-t-elle expliqué. mais les collègues, ils ont bien vu que la petite nouvelle, elle tâte partout quand elle va aux toilettes, elle avance tout pas vite. Hortense, elle sent les regardes des autres du bureau, ils sont pleins de pitié. demain, elle démissionnera. TOUCH (DAFT PUNK) elle a eu une apparition, dans son rêve, la vieille Hortense. une belle, jeune version d'elle-même, les yeux grand ouverts et bien vivants. et auteure de ces mots : tu vas mourir. des mots comme des couteaux. la vieille, elle s'est réveillée, en sursaut, dans le noir vide de sa cécité. elle a sauté dans un grand pull et un pantalon, sauté dans le taxi qui est toujours là pour elle, et puis sauté dans l'eau. toute habillée, toute aveugle - l'assistance a cru à un suicide. elle a râlé, crié, insulté quand on est venu la secourir. Hortense, elle voulait juste avoir l'air vivante. pour la dernière fois. TIME (HANS ZIMMER) une fin à la nolan, allez. une mort comme dans un film, sur musique de film. Hortense a les cheveux blancs comme la neige mais les yeux toujours aussi bleus et aussi aveugles. c'est une mort magnifiquement esthétique. une belle mort ordonnée par la nature. pas de suicide, pas de meurtre, pas de maladie, Hortense, elle meurt dignement. à la manière du petit prince de saint Saint-Exupéry, mais la peur en moins. Hortense meurt joliment, sans un bruit, un cri, une larme, une lamentation, un quoi que ce soit. " ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable. " MOON (FOALS) de là-haut, Hortense, elle les imagine. ces hypocrites, ces vilains, cette famille. il y a Isaac, il y a le club des cinq (moins une), il y a même Felix. ils ne font plus qu'un, tous, noyés dans leurs larmes et celles des autres. Hortense, Hortense, Hortense. elle râle dans sa mort parce qu'elle les trouve pathétiques. parce qu'ils l'aimaient et qu'Hortense, elle n'a aimé que ses yeux, et elle les a égarés, au bout du compte. Hortense, dans un soupir, elle s'en va mourir pour de bon. la vision imaginaire de son propre enterrement s'efface, sur la voix terrible de Yannis Philippakis. le spectateur de la vie d'Hortense, il voit, dans une dernière scène, dernière scène du dernier acte, il voit le véritable enterrement : il n'y avait personne. THE TIME TO RUN (DEXTER BRITAIN) brooklyn ferme ses portes sur Hortense Mer. sur fond noir, puisque le noir fut tout ce qu'elle vit pendant plus d'une moitié de vie, ils défilent. les figurants de sa vie. les rares qu'elle a aimés et les nombreux qui l'ont adorée, de loin. la musique se fait plus douce qu'au début, forcément, moins fanfaresque et plus grave, parce qu'Hortense n'est plus ce bébé aux grands yeux bleus qui font presque peur, elle ne fut pas bien longtemps, et maintenant elle n'est plus. du tout.

Élodie par bazzart, mais grâce à Asselya mine de rien   Marine Vacth oiseau (?)